Échec
En 1988, je travaillais à la mise sur pied d’un programme de prévention des risques de catastrophes naturelles dans Rift Valley, en Éthiopie. À cette époque, le gouvernement du Derg, qui était de tendance « marxiste albanaise », était toujours au pouvoir. L’administration locale, qui gérait les associations de femmes, nous avait demandé d’aider en leur achetant un petit moulin à grains pour réduire le processus manuel de mouture et éviter à ces associations de devoir payer aux propriétaires des moulins locaux des montants exorbitants afin de pouvoir moudre leur grain. À l’époque, après un examen des chiffres, j’en étais venu à la conclusion qu’un tel investissement ne serait pas significatif. En effet, il n’épargnait pas vraiment de travail ni d’argent aux femmes, et l’investissement mettrait un certain temps avant de générer un réel bénéfice.
Cependant, lorsque le régime militaire s’est effondré et qu’on a assisté à une vague générale de pillage dans cette région, les femmes se sont relayées pour monter la garde, jour et nuit, formant un cordon humain autour de leur moulin.
Apprentissage
La valeur réelle du moulin n’était pas d’ordre pécuniaire, mais plutôt liée au sens de renforcement de leur autonomie et à l’espoir qu’il leur procurait.
Voici la leçon à en tirer : il faut d’abord laisser tomber ses idées préconçues et tâcher de voir avec les yeux de ceux que l’on souhaite aider. Pour commencer du bon pied, on doit d’abord prendre le temps d’écouter et de comprendre et non se complaire dans son ingéniosité.